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Matt en Australie
12 décembre 2007

1ère Partie : La Découverte

endeavour26 août 1768 : C’est à bord du HMB Endeavour que je pose pour la première fois la plume sur ce journal. Le trois-mâts barque a quitté Plymouth il y a quelques heures et déjà l’Angleterre me manque. Nous partons en direction du pacifique. Tahiti sera notre première destination il me semble. J’espère ne pas regretter de m’être porté volontaire pour servir ici. De toute façon, j’ai déjà 28 ans et je veux découvrir d’autres horizons !
Tout à l’heure, le Capitaine est descendu nous voir en cuisine. Il se nomme James Cook. Il n’a pas fait de long discours au milieu de nos gamelles, mais on peut dire que ce type est bourré de charisme. Quand il est reparti, nous nous sommes tous regardés animés de la même force dans le regard. C’est bête, mais il avait réussi à nous faire croire que sans nous autres des cuisines, l’expédition serait vouée à un échec certain ! Bon, c’est vrai qu’il n’a pas forcément tort...

6 octobre 1769 : Tupaïa ne nous avait pas menti !
J’avoue avoir beaucoup douté quant à sa franchise. Et puis, puisque cela nous obligeait à repartir vers une terre inconnue au lieu de rentrer chez nous, ça ne m’enchantait guère.
En fait, le tahitien nous avait parlé d’une terre située plus au sud-ouest et, d’un naturel explorateur, le Capitaine s’était laissé emballé par l’idée.
Et bien fort heureusement, il avait raison.
Le Capitaine Cook a aussitôt pris possession du territoire d’ailleurs.
Nouvelle-Zélande. Ca sonne bien je trouve...

19 avril 1770 : Elle existe ! La Terre Australe existe bien !!
C’est un jour historique que j’ai vécu aujourd’hui.
Tout a commencé il y a plusieurs semaines, lorsque le Capitaine Cook est venu nous trouver pour nous expliquer le projet. Je ne saurais vous décrire l’impatience qui m’avait alors animé. Bien sûr que cette terre devait exister. Elle était le pendant nécessaire à l’hémisphère nord et nous allions être les premiers à la découvrir.
Et bien nous l’avons vu, et nous nous dirigeons droit dessus !

z39329 avril 1770 : Nous venons de poser enfin le pied en Australie.
Première impression : tout est différent ici !
Il y a de drôles d’oiseaux et de drôles de petits rongeurs mais, ce sont surtout les plantes qui nous étonnent beaucoup. Les botanistes de l’équipage courent d’ailleurs dans tous les sens et il ne se passe pas deux minutes sans que l’un d’eux ne s’écrit "venez voir ici !".
Pour preuve qu’ils ont découverts tellement de nombreuses nouvelles espèces, le Capitaine à baptiser l’endroit, Botany Bay.

22 août 1770 : Le Capitaine Cook a décidé d’amarrer à Possession Island pour y planter l’Union Jack. Il a prêté serment au Roi et a revendiqué la totalité de la côte que nous avions découverte. Longue vie au Roi !

arthur_phillip26 janvier 1788 : Lorsque j’ai entendu qu’on allait déporter nos prisonniers en Australie, j’ai aussitôt couru aux renseignements. Cette terre magnifique et exotique me manquait trop.
Je ne pense pas être loin de la vérité en affirmant que j’ai été l’un des premiers à proposer mes services à bord du navire qui partirait bientôt. Fort de mon expérience précédente dans le Pacifique aux cotés du Capitaine Cook, j’ai été pris de suite.
Cette fois-ci, c’est sous le commandement du Capitaine de la Royal Navy, Arthur Phillip, que nous avons navigués. La flotte était composée de 11 navires et de  400 marins. Nous avions suffisamment de bétail et de provisions pour tenir deux ans et nous transportions 751 convicts dont seulement un cinquième était des femmes.
Nous avons d’abord accosté à Botany Bay mais, l’endroit ne plaisant pas au Capitaine, il a décidé de remonter plus au nord, vers le territoire des Eora. Nous nous sommes alors retrouvés dans la baie que James Cook avait baptisé Port Jackson.
Je ne sais pas si c’est le nom qui dérangeait le Capitaine ou si un instant de zèle l’a poussé à le faire, mais Arthur Phillip a rebaptisé l’endroit du nom du Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Lord Sydney.

Février 1788 : Nous avons rencontré plusieurs aborigènes mais ils ne semblent pas y avoir de gouvernement sur ce territoire. Malgré leur présence, il a été décidé que le centre de l’Australie serait déclaré comme Terra Nullius. Un drôle de concept puisqu’il y a pourtant des hommes qui vivent là. Mais je me garderais bien d’en faire la remarque, le reste de l’équipage n’a pas l’air d’apprécié ceux qu’ils appellent déjà les sauvages.

1803 : J’ai lu dans les journaux qu’on allait envoyé de nouveaux convicts en Australie. Ils seront mieux là-bas, c’est indéniable. Malheureusement pour moi, c’est un voyage auquel je ne participerais pas. A 63 ans, on n’intéresse plus grand monde. On a beau connaître toutes les réponses, il n’y a plus personne pour nous poser les questions. Enfin, j’ai vécu, et je suis fier d’avoir fait partie de cette page d’Histoire. La seconde colonie pénitentiaire s’établira sans moi. A Van Diemen’s Land qu’ils disent. Souhaitons leur bonne chance pour y parvenir.

flag_raising1807 : Ce matin, je me suis levé plus difficilement que les autres jours. Oh bien sûr, comme le dit mon médecin "passé 60 ans, lorsqu’on n’a plus mal nulle part, c’est qu’on est mort". Et bien, il semblerait que je sois toujours en vie.
Je viens de rentrer de ma sortie quotidienne : aller chercher le journal. Ah il est loin le temps où mes jambes me portaient là où il faisait bon vivre. Enfin, au moins je ne suis pas sénile. Je me souviens bien de cette Terre Australe, et c’est bien le plus important.
En ouvrant le journal, j’ai lu que plusieurs jeunes anglais souhaitaient partir s’établir dans les colonies d’Australie. Une terre bon marché où l’on trouve du travail à profusion disait le journaliste. On croirait entendre mon fils. Ah c’est sûr, la terre est bon marché. A ce détail près qu’on ne parle pas de l’existence des peuples aborigènes sur la "Terra Nullius".
A moins qu’on ait demandé aux journaux de fermer les yeux sur ce fait.
Tiens, en parlant de fermer les yeux, je vais m’arrêter là, il se fait tard.

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